De ce temps de primaire j'ai un souvenir du C.E. 2 - 1945/46 - où une maîtresse nous faisait la classe. A cette époque, un de mes copains avait son père qui travaillait à la mairie d'Alger. Son nom m'échappe, alors qu'il me pardonne de l'appeler Ali : il était un des nombreux écoliers musulmans de l'école !

Ali avait porté à l'école tout un paquet de vignettes au trois couleurs qu'à l'époque on épinglait sur une veste ou une robe. Notre idée (lumineuse ?) était de les vendre à toute la classe et de se payer une séance de cinéma avec l'argent récolté. Aussitôt dit aussitôt fait ! Pour quel cinéma ? Le "Midi-Minuit". Il fonctionnait en continue - une nouveauté - et passait en boucle tous les films de cow-boys en vogue.

Notre "affaire" avec Ali avançait bien et nous invitâmes un troisième larron à se joindre à nous. Nous voilà donc à sécher la permanence de fin d'après midi, à descendre les escaliers Levacher et à traverser la rue d'Isly pour aboutir au "Midi-Minuit".

Où cela se corsa... c'est lorsqu' une voix depuis l'entrée de la salle appela le troisième copain invité à notre escapade. C'était sa maman !

Ne le voyant pas à la sortie de l'école Dordor et alarmée par son absence, son enquête lui fit découvrir notre "plan cinéma". Sans doute avions-nous trop parlé, à l'école ! Nous sommes donc ressortis en pleine séance pour le "savon" du siècle et nous n'avons jamais vu la fin du film.

Le lendemain, fortement morigénés par la maîtresse, mon copain Ali et moi-même avons, la main sur le cœur, juré que nos parents étaient bien au courant de notre sortie. C'était faux, mais l'affaire n'alla pas plus loin. .. Heureusement pour notre matricule.

Nous n'avons plus recommencé !